La thèse prend comme champ d’investigation un corpus de textes dans lesquels se trouvent des propositions d’introduction du tirage au sort en politique et pose la question de leur co hérence et de leur pertinence : les publications forment-elles un ensemble que l’on pourrait qualifier de « théorie de la démocratie aléatoire » ? Si oui, les attentes formulées par ses te nants vis-à-vis de la pratique sont-elles utopiques ou, au contraire, sont-elles réalisées dans des expériences recourant au tirage au sort des participants, tels que les « mini-publics » ? L’analyse quantitative et qualitative du corpus amène à la conclusion que l’on a bien affaire à l’émergence d’une théorie qui s’articule autour d’une trame argumentative collective et d’attentes communes : le tirage serait ainsi une solution aux crises accablant les démocraties libérales. Son usage permettrait d’atteindre une meilleure représentation formelle et sub stantielle, une participation qualitativement et quantitativement accrue, et refondrait la dé mocratie sur une nouvelle légitimité, plus procédurale et dynamique. La thèse répond en suite à la deuxième question en passant la théorie au banc d’essai de la pratique d’une Pla nungszelle et d’un jury citoyen, deux modèles de mini-publics dans lesquels des citoyens sont recrutés par tirage afin d’élaborer des recommandations de politique publique. L’en quête empirique qualitative permet d’avancer que la plupart des attentes sont remplies, mais dans un cadre à portée limitée, ce qui pose la double question des conditions de réalisation de la théorie et des possibilités d’améliorer les dispositifs de mini-publics par le biais d’une nouvelle ingénierie institutionnelle.
The field of investigation of this thesis is a corpus of texts containing proposals for the introduction of random selection schemes in politics. The thesis questions the relevance and coherence of these texts: do the publications form a theoretical ensemble that could be labelled as a “theory of aleatory democracy”? If so, do the expectations raised by its supporters remain merely utopian or do they stand the test of the political practice? The quantitative and qualitative analysis of the text corpus leads to the conclusion that we are in fact dealing with the emergence of a theory and that the analysed authors develop a common argumentative frame and common expectations: the use of random selection in politics could be a solution to overcome the crises of liberal democracies. Its use would allow a better formal and substantial representation, a qualitatively and quantitatively increased participation, and give birth to a new, more procedural and dynamic form of legitimacy. These expectations are then tested with the help of two mini-publics, that is to say, experiments in participatory democracy that use random selection to recruit their participants: a Planungszelle and a Citizens’ Jury. The qualitative empirical investigation shows that most of the expectations are fulfilled, although only in a limited geographical, social and political frame. These results raise the double question of the conditions for the realization of the theory and of the possible improvement of the mini- public mechanisms through institutional engineering.